Source : JIM publié le 30/07/2008

Il a été récemment démontré que la radiothérapie post-mastectomie (RTPM) diminuait le taux des récidives locorégionales chez les malades atteintes de cancer du sein (KS) avec plus de 3 ganglions envahis (N+), et ayant donc déjà reçu une chimiothérapie (CT) adjuvante. Mais cet effet reste bénéfique dans les KS avec 1 à 3 ganglions N+, ce qui laisse supposer l’intervention de facteurs autres que la taille de la tumeur et le statut ganglionnaire.

Pour déterminer lesquels, les auteurs danois ont étudié, chez 1 000 femmes porteuses de KS et suivies pendant une moyenne de 17 ans,
– les récepteurs hormonaux (RH),
– tant aux œstrogènes (RO),
– qu’à la progestérone (RP)
– et les récepteurs à l’HER-2.

En définissant :
• comme RH-, les malades ayant à la fois des RO- et des RP-,
• comme RH+, celles RO+ et RP+,
• ils ont construit 4 sous groupes :
– RH+/HER2+ (triple +),
– RH-/HER2- (triple -),
– RH+/HER2-
– et RH-/HER2+.

Le tirage au sort a permis de constituer 2 groupes comparables en termes de stade tumoral, histologie, et récepteurs, soit 489 malades soumises à la RTPM (groupe GRT) et 511 qui n’en ont pas bénéficié (GSRT).

Les femmes triple – (15 %) ou RH-/HER2+ (12 %) avaient des facteurs associés péjoratifs plus fréquents que les autres groupes (par exemple un grade 3 de Scarff et Bloom y était 3 fois plus fréquent que chez les autres patientes).
De plus, sur les 1 000 malades, l’absence de récepteurs à la progestérone (RP-) annonçait un plus grand risque de récidives locorégionales,
tandis que RP- et HER2+ étaient des facteurs prédictifs de métastases,
et qu’un triple – ou un RH-/HER2+ étaient associés à une augmentation de la mortalité globale, de récidives et de métastases. Ces constatations restaient valables qu’il y ait ou non radiothérapie, en particulier pour la survenue de récidives locorégionales.

En fait, la RTPM améliore significativement le pronostic dans les sous groupes RO+, RP+ et HER2-.
En revanche, dans les sous groupes RO-, RP- et HER2+, elle n’apporte aucun avantage en termes de survie, alors même qu’elle réduit les récidives locorégionales dans tous les groupes, mais plus faiblement dans les sous groupes triple – et RH-/HER2+.

Au total, la radiothérapie après mastectomie améliore le pronostic, réduit les récidives locorégionales et diminue la mortalité, mais seulement dans une population ciblée, représentant cependant près des trois quarts des malades, celle qui a des récepteurs positifs aux œstrogènes et à la progestérone, et négatifs à HER-2.

Dr Jean-Fred Warlin